Vécus inhabituels et croyance

Quelques chiffres
* Une étude menée sur 17000 adultes en Angleterre, en Russie et au Brésil rapporte que 10% des sujets interrogés ont vécu une perception inexpliquée (Sidgwick, 1894).
* Des études montrent que pour 77% des personnes ayant reçu un diagnostic de schizophrénie, les voix étaient liées à des traumatismes (Rome et Escher, 2006).
* Des études de population ont montré que seulement 16% des personnes qui entendent des voix peuvent correspondre au diagnostic de schizophrénie (Rome et Escher, 2000).

Rome, M., Escher, S. (2000). Making Sense of Voices – A guide ofr professionals who work with voice hearers, Mind publications.
Rome, M., Escher, S. (2006). L’elaborazione di un diverse approccio sull’esperienza degli uditori di voci. Rivista Sperimentale di Freniatria : La Rivista della Salute Mentale. Vol 130(2) 141-165.
Sidgwick H. A. (1894). Report on the census of hallucination, Proceedings of the society of psychical research, No 26, pp.25-394.

La croyance donne du sens à la vie

Nous croyons tous en certaines choses, parfois anodines dans notre quotidien, parfois ces croyances emplissent grandement nos vies. Ces croyances ne sont pas toujours partagées, elles sont plus ou moins visibles, plus ou moins acceptables, plus ou moins stigmatisées par l’entourage, la société. Parfois les croyances pourvoient un sens positif à nos vies – voyez l’enthousiasme des enfants à Noël -, parfois elles génèrent des pensées négatives – nous nous sentons tous à un moment ou à un autre victime, surveillé, les éléments autour de nous semblent s’acharner contre nous- et pour cause la société véhicule beaucoup de ces pensées.

Les croyances sont personnelles et protectrices

Certains phénomènes sont largement partagés et pourtant ils sont passés sous silence car ils ne s’inscrivent pas dans un certain rationalisme occidental malgré le fait qu’ils fassent partie de notre monde intérieur: avoir des superstitions, entendre des bruits, des voix, avoir l’impression d’avoir vu quelque chose que les autres n’ont pas vu, avoir des sensations qui nous paraissent étranges. Nous y donnons souvent sens, si bien que ces perceptions nous accompagnent sans que nous ne les remarquions ni sans qu’elles prennent d’ampleur particulière.

Lorsque le vécu ne prend plus sens, la souffrance s’installe

Dans certains cas, certaines difficultés de l’existence, le fait de vivre des événements traumatiques, peuvent enclencher, amplifier et/ou orienter ces sensations de telle sorte que la personne se sent subitement envahie, et n’y pourvoie plus de sens suffisamment protecteur. Cette souffrance psychique prend racine dans les expériences que nous partageons tous en tant qu’être humain. Avant de juger le vécu d’une personne et de la stigmatiser, il s’agit de comprendre son monde et la construction de sa souffrance. Dans la conception dont nous parlons, il n’y a pas de terme de pathologie, pas de remise en question du vécu de la personne, il s’agit de chercher ensemble un sens à ce vécu. C’est ce sens et certains « trucs » que nous enseignent les personnes rétablies qui permettent de reprendre le contrôle de son existence. C’est alors que la souffrance peut baisser et que les expériences et croyances prennent une place juste dans l’existence. Il s’agit d’un processus de rétablissement.

Le REV France est l’association française du réseau Intervoice. Cette association propose aux entendeurs de voix –et par extension à toute personne qui a des convictions et vécus inhabituels- de partager leur expérience dans des groupes d’entre-aide mutuelle.
Le réseau Intervoice défend l’idée que la conception selon laquelle l’entente de voix est liée à la schizophrénie en tant que maladie doit être réévaluée. Des résultats thérapeutiques plus puissants et plus respectueux résideraient dans une appréhension des voix comme une expérience réelle, commune, bien que parfois très douloureuse et accablante, qui parle de façon métaphorique à la personne.